Des racines dans l'Histoire et la culture populaire

L’histoire et la culture populaire, des vecteurs d’identification

BLAGOLOGIE, Division 147 a pour ambition de coller à l’histoire géopolitique afin de l’aborder sous un angle à la fois potache, mais aussi commémoratif. Il est des événements historiques majeurs qu’il est parfois nécessaire de rappeler, fut-ce par le biais d’une plaisanterie.

BLAGOLOGIE, Division 147 est également une structure amorale qui au prétexte de faire avancer la cause du rire, a provoqué nombre de catastrophes à la surface. Citons en vrac l’un des deux chocs pétroliers au moins, l’ère Thatcher, Reagan, Bhopal, l’Erika, la dissolution de 1997 et le retour de la culture des années 80 dans les années 2000 (on a perdu les fichiers, faut recommencer)…

En mêlant la réalité socio-politique et la fiction paranoïaque, le propos est de pointer du doigt certains comportements conditionnés, d’inciter à une forme de réflexion. Ce n’est pas un cours, ni une mise au point ou un rappel des faits. C’est seulement une manière de faire référence à un aspect historique qui permet peut-être de mieux appréhender ce qui nous entoure.

En tant qu’univers parodique, BLAGOLOGIE, Division 147 emprunte également quelques éléments de culture comme certains personnages de cinéma ou de télévision. Certains sont plus qu’évidents. Le Professeur Alan Super White étant un avatar Blagologue-aventurier d’Indiana Jones ou l’Agent Spécial Jack Black étant une parodie de l’Agent Spécial Jack Bauer de la série 24 heures chrono. D’un autre côté, la Loge des Francs Blagons s’inspire à la fois du Cercle des Poètes Disparus et de l’imagerie stéréotypée des Francs Maçons.

Ce dernier aspect, au-delà de la parodie facile permet une identification rapide de l’univers référent. L’immersion dans le récit se fait immédiatement. Encore une fois, c’est un jeu sur les codes de narration.


L’insertion des origines dans une « réalité » historique

La notion de plaisanterie est intégrée au sens du mot blague en 1809. On suppose que la première apparition du terme Blagologie date de 1810[1].

C’est à cette époque et toujours en lien avec l’idée du savant fou, que la première version de Blagologie naît, sous la houlette de Napoléon 1er, rien que ça. L’idée était d’utiliser le rire pour donner du cœur à l’ouvrage aux soldats, divertir la populace pour faire oublier l’effort de guerre et la création du Code Pénal, ainsi que perturber les forces ennemies par des blagues fatales. La première loge Blagologique fermera à l’été 1815, sur volonté de Talleyrand alors Premier Ministre.
Cependant, d’après certaines théories, l’idée de se lancer dans des études sérieuses sur la Blague daterait de fin 1513. Léonard de Vinci est alors à Rome où il travaille pour l’influent Pape Léon X. Entre deux études, il prend le temps de gribouiller des pistes de recherches primaires, ses plus grandes Blagues restant le Da Vinci Blago-Code et les faux de l’Empereur Constantin).

Après de multiples résurrections avortées, la dernière fondation de Blagologie, appelée alors C.I.B., date du 27 août 1928. Elle se fait en parallèle au Pacte de Paris, dit Pacte Briand-Kellogg. Cette version n’est pas encore celle que nous connaissons, d’abord parce qu’elle est copiée sur la S.D.N. Comme sa semblable, elle connaîtra l’échec, mais au lieu de se dissoudre, elle entrera dans la clandestinité et s’enfoncera en sous-sol à partir de 1942.

A la fin des années 1920, un jeune universitaire aventurier, le prometteur Alan White a déjà entamé des recherches sur la résonance socio-politique d’une blague fossile mise à jour sur un site égyptien. En marge des voies universitaires classiques, il comprend très vite qu’il tient là les bases d’un champ d’étude totalement vierge. Il en réfère à son directeur de recherche, le Conservateur Rosso de Genève. Celui-ci est alors à Paris, pour assister à la signature d’un pacte de non recours au conflit armé entre nations de plusieurs continents, le Pacte de Paris. Or, parmi les signataires figure un membre du Vatican, Monseigneur Giallo, qui fait allusion à des écrits de l’Empereur Constantin commanditant une réflexion sur le rire. Alors qu’on discute de la future signature du pacte, à l’heure de l’apéritif, les deux hommes en viennent à plaisanter quand l’un des deux parle d’étude sur le rire. La machine est en marche.

La conversation devient débat général. On s’imagine des choses. C’est le début du XXe siècle. On croit pouvoir régir le monde par la Blague, en toute innocence, à une époque où l’on est persuadé de tout contrôler. On ne pense pas à mal. Mais très tôt, voire 51 secondes après le début de la discussion générale, l’idée d’une dérive totalitaire du contrôle de la Blague germe en même temps dans plusieurs cerveaux malsains. Après tout, c’était exactement ce qui était arrivé tout au long de l’Histoire des Blagues… Mais personne ne dit mot, préférant garder pour soi ses petites perversions.

Tout se précipite ce fameux jour de la fin de l’été 1928 où après plusieurs cognacs, quelqu’un ose émettre cette suggestion idiote que presque tous ruminaient depuis des jours dans leur coin : « Et si on utilisait le rire comme une arme ? ». Tout le monde se met à rire. Puis se tait très vite. Puis on repart de plus belle, pour ne pas se sentir gêné d’avoir ri trop tôt et d’avoir aussitôt cessé. Le silence se fait à nouveau. Finalement, on se met lentement à rire jaune jusqu’au moment où l’un d’eux déclare : « Il y a effectivement quelque chose à creuser dans cette voie. Quelle puissance de feu ! Cela pourrait faire une belle arme ! ».

Le Conservateur Rosso retourne à Genève où il fait part à Alan White de l’accord signé pour faire financer ses recherches par une quinzaine de gouvernements et la création des statuts officiel du C.I.B. Cependant, il omet de préciser que ce financement a des contreparties inquiétantes. Les utopistes en quête d’un humour parfait seront peu à peu relégués au second plan, remplacés par des technocrates sans scrupule.

Au départ, Alan White devenu le Professeur White n’en a pas conscience. Il se concentre sur l’élaboration des premières doctrines d’enseignement, nommées aujourd’hui les doctrines pré-totoiennes. Avec l’aide de son ami et mentor, le Professeur Von Grün, il forme ainsi le premier corpus de chercheurs en Blagues avant la fin de l’année 1928.

Accompagné de l’intrépide aviateur Flagada Jaune, puis plus tard de la jeune étudiante Mlle Grey, le Professeur Alan White sillonne le globe en quête d’aventures et de blagues inédites. Il prend alors le nom d’Alan Super White suite à une rencontre avec le Gardien de la Blague de Morgane la Fée, ou Mère "Ganache" Lefèvre, suivant que l’on se réfère aux légendes arthuriennes ou aux déclarations dudit Gardien, également connu en tant que docker à mi-temps à Ringis.
Inconscient de ce qui se trame autour de lui, Alan Super White ne s’aperçoit pas de la montée en puissance du nazisme et des trahisons à venir. Un de ses hauts faits restera l’épisode de la Calculachrist perdue. Épisode au cours duquel il se fait un ennemi en la personne de Charlie Chaplin.

A Berlin, Hitler est inquiété par les résultats du C.I.B. Conscient de la portée balistique des blagues voraces, il lance également ses propres recherches qu’il nomme Farçologie. La direction scientifique est alors confiée au meilleur ami d’Alan Super White : le Professeur Von Grün.
Pendant cinq années Von Grün et Super White vont s’affronter pour la conquête des sources d’humour à travers le monde. Ce combat acharné aura une conclusion tragique, le 28 août 1939 :
«… la foule sporadique qui se recueille autour du tombeau de l’illustre Professeur Alan Super White. Cet homme que l’on disait humble a trouvé la mort en mer, alors que son avion survolait l’Océan Atlantique. Son corps a été repêché voilà 3 jours. Flagada Jaune, le pilote a lui été secouru au large des côtes bretonnes. Selon ses dires, l’appareil aurait été saboté, une enquête est en cours… » Extrait du bulletin d’informations du 31 août 1939.
Malgré la diligence des enquêteurs et de la communauté internationale, l’enquête n’a pas le temps d’aboutir… Le lendemain, 1er Septembre 1939, l’Allemagne envahit la Pologne. La Seconde Guerre Mondiale vient d’éclater.
« Sa mort prématurée a jeté un voile sur une conception unique de la blague, une blague démocratique, prônant la liberté d’expression et le droit des hommes à rigoler de tout au dépend de tout le monde. Il est dur de dire ce qu’aurait pu être le monde aujourd’hui s’il avait survécu à cet accident… cette nuit du 28 août, l’humanité a perdu d’un coup la paix et un grand homme. En plus, moi, j’avais perdu mon pantalon. » Extrait des mémoires du Conservateur Rosso.
S’ensuit alors la scission de Blagologie, entre collaboration et clandestinité. Des heures noires qui scellent la schizophrénie inquiétante de l’entreprise.


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Textes co-écrits par Pink.��
[1] C’est la seule information qui n’a pas été déformée. Le reste est pure affabulation.